Quand on pense à la maintenance des trains, on pense à un remplacement de pièce, un contrôle technique ou un dépannage électrique : on pense à la réalisation de la maintenance elle-même.
Mais c’est en premier lieu une organisation qui garantit la sécurité et la performance des matériels roulants.
La maintenance assure la sécurité, et la performance
Assurer la sécurité en standardisant les pratiques.
La sécurité sera toujours la priorité pour tous les exploitants ferroviaires ; la maintenance est donc cruciale pour assurer qu’un matériel roulant peut circuler sur le réseau.
La fiabilité, quant à elle, assure la ponctualité et la compétitivité des transporteurs.
Le certificat ECE – Entité en Charge de l’Entretien
En 2011, à la suite de l’ouverture de la concurrence de fret, le certificat ECE (entité en en charge de l’entretien) est créé : il fait partie de l’évolution du cadre réglementaire pour les wagons de marchandises. Ce certificat a évolué en 2019 pour intégrer les trains de voyageurs.
Ce certificat obligatoire, délivré par l’EPSF (Etablissement Public de Sécurité Ferroviaire) aux exploitants ferroviaires, vise à clarifier les responsabilités et à standardiser les pratiques pour prévenir les incidents liés à des défauts de maintenance.
Le certificat permet de garantir qu’un exploitant ferroviaire répond à quatre fonctions clés :
- Supervision : elle coordonne pour atteindre les objectifs de sécurité et de performance
- Développement ou Ingénierie : elle formalise les plans de maintenance en prenant en compte les retours d’expérience
- Gestion de l’entretien : elle planifie les opérations de maintenance à réaliser, et produit la “remise en exploitation”, la traçabilité qui garantit que le matériel peut rouler sur le réseau ferroviaire après chaque opération de maintenance
- Exécution : elle réalise la maintenance et produit la “remise en service”, la traçabilité de l’exécution de la maintenance.
Ce cadre harmonisé permet d’assurer que tous les véhicules ferroviaires circulant en Europe respectent des normes strictes, contribuant ainsi à un réseau plus sûr et plus fiable.
L’ECE au service des clients
La sécurité et la fiabilité sont les deux piliers de la maintenance, et c’est bien l’objectif premier du cadre réglementaire.
Les exploitants vont également plus loin que le cadre réglementaire pour améliorer leur performance : la ponctualité, les coûts de maintenance notamment : observons deux exemples pour comprendre comment l’organisation en 4 fonctions de l’ECE peut structurer la démarche d’amélioration continue :
Impacts pour les opérateurs historiques et les nouveaux entrants
Le certificat ECE a permis de structurer les démarches des opérateurs historiques, et permet aux nouveaux entrants ferroviaires de démarrer leurs activités en partant du cadre réglementaire.
Pour les opérateurs historiques
Les opérateurs historiques réalisaient déjà complètement les fonctions demandées par l’ECE : pilotage, ingénierie, planification et réalisation.
Mais les fonctions étaient très imbriquées, prenons quelques exemples en expliquant ce que l’ECE a amélioré :
- La planification et la réalisation de la maintenance étaient parfois réalisées par le même service
- Un conflit d’intérêt est toujours risqué : l’ECE sépare clairement ces deux notions.
- Les deux notions de « remise en service » et « remise en exploitation » étaient parfois confondues
- L’ECE différencie clairement ces deux idées : « J’ai réalisé la maintenance demandée » puis : « Je m’assure que le matériel peut rouler jusqu’à la prochaine opération de maintenance »
- L’ingénierie pouvait décider de manière autonome d’analyser des améliorations sur la maintenance
- Travailler sur une amélioration a un coût, et l’ECE garantit que ces travaux aient de la valeur ajoutée et soient coordonnés.
Ce « détricotage » des responsabilités s’est fait pour les métiers de la maintenance, mais également dans les systèmes d’informations : les GMAO ont été modifiées pour intégrer ces nouvelles responsabilités.
Pour les nouveaux entrants
Le certificat ECE permet aux nouveaux opérateurs de se structurer et se poser les bonnes questions pour la maintenance : qui est le pilote, qui analyse, qui planifie, qui réalise, que sous-traite-t-on, etc.
Rappelons en effet que les nouveaux entrants ferroviaires peuvent manquer de maturité, de retour d’expérience et de volume de rames pour leurs premières exploitations (cf. Transdev sur Marseille-Nice) ; certaines fonctions peuvent donc être sous- traitées ; par exemple, une ingénierie en propre coûte cher et n’est pas rentable avec peu de matériels roulants, il est donc possible de la sous-traiter au constructeur ou à un bureau d’études spécialisé dans ce domaine.
Au niveau des systèmes d’information, les nouveaux entrants ferroviaires doivent intégrer dès le début de leurs activités ces données, avec notamment le paramétrage de leur GMAO.
La maintenance ferroviaire, structurée autour de ses quatre fonctions par l’ECE, est un modèle moderne et robuste. Avec pour priorité absolue la sécurité puis la performance, elle permet aux exploitants, historiques et nouveaux, d’améliorer en continu leur efficacité et leur compétitivité.
Cette approche rigoureuse et innovante renforce la position du rail comme pilier de la mobilité et de la logistique modernes.
- https://www.securite-ferroviaire.fr/espace-professionnel/demandeurs-dautorisations/certificat-entites-en-charge-de-lentretien-des-vehicules