La suite de notre article sur la Saga ALAN…. pour mémoire le début de l’histoire : la saga Alan (1)
La suite pour ALAN
Sans préjuger des résultats des diverses contestations elles auront des impacts, au minimum en retardant et complexifiant la mise en œuvre de ces contrats. ALAN devra donc démontrer sa capacité à construire un dialogue avec toutes les parties concernées.
Une autre interrogation porte sur la capacité d’ALAN à consolider son essor rapide et de lever les inquiétudes quant à sa capacité à gérer un contrat aussi important et sensible. ALAN affichait encore des pertes nettes de 34 millions d’euros en 2024, mais fort de la progression de son chiffre d’affaires (+20%), a gagné cinq places dans le classement 2025 ‘Assurance complémentaire santé’ de l’Argus, pour se situer en 24e position, devant Solimut mutuelle de France (ARGUS Classement santé 2025) [1].
ALAN doit être en mesure de poursuivre son expansion axée sur l’innovation continue et l’expérience client. La promesse << ALAN, le partenaire santé qui prévient, assure et accompagne >> est ambitieuse et ne pourra se limiter à la rapidité des remboursements[2] et une proposition de services innovants devra rapidement compléter ce socle. Il en existe déjà (‘la Clinique Alan’, Mo : l’assistant médical IA, …), mais pour véritablement se démarquer il faudra aller plus loin pour répondre aux enjeux de plus en plus cruciaux pour les patients que sont les problématiques autour de l’accès aux soins pour tous, la prise de rdv généralistes et spécialistes, la gestion des parcours de soin.
Les inquiétudes concernant la gestion des données devront être traitées car l’utilisation d’Amazon Web Services pour stocker ses données soulève des questions de souveraineté numérique. Cela inquiète non seulement les agents, mais également les députés[3] qui sont de plus en plus vigilants sur la sécurité des informations sensibles, d’autant plus pour des populations assurées dont les missions relèvent du service public.
La route est encore longue pour ALAN, les prochaines années s’annoncent décisives. Il devra allier innovation, qualité de service et gestion des risques, tout en devenant rentable et en rassurant sur ses choix pour la gestion des données. Ceci dans un environnement concurrentiel très intense.
La suite pour les acteurs traditionnels
Par suite des décisions prises par les ministères dans la cadre de PSC, et quels que soit les résultats des recours, les mutuelles historiques sont désormais placées dans une position délicate et devant la nécessité de réagir rapidement. Tout en étant très attachées au service public, il leur faut désormais faire preuve d’innovation et de réactivité pour répondre aux attentes d’une administration en quête de modernité. La nouvelle dynamique du marché pousse les acteurs à innover, les décennies d’expérience ne sont plus l’avantage différenciant.
La plupart des assureurs se sont lancés dans des projets d’innovations technologiques, d’amélioration du service client et d’attractivité des offres. Mais il est vrai qu’ALAN, et les Assurtech possèdent un avantage certain, l’atout ‘start-up ! : c’est plus ‘facile’ sur ces sujets de partir ‘ex nihilo’ que de transformer des organisations anciennes et souvent lourdes. Tous les acteurs historiques doivent repenser leur stratégie face à des modèles qui promettent plus de simplicité, lisibilité et d’efficacité et s’adapter rapidement aux nouvelles réalités du marché.
Conclusion
Pouvons-nous parler d’un choc des modèles entre tradition ou innovation ? En tout cas ceci témoigne d’une mutation accélérée dans le paysage de l’assurance santé, où l’adaptabilité est devenue une clé essentielle dans un monde en constante évolution.
Plus largement ce bouleversement constitue une opportunité pour repenser le paysage de la santé en France, avec d’une part un accroissement des risques et l’alourdissement des couts de protection et d’autre part les besoins nouveaux des assurés dans un système de santé en souffrance
Le modèle économique des assureurs est complexe et très règlementé (Porteur de risque, gestionnaire, distributeur) et les Assurtech les bousculaient principalement sur la relation client grâce à leur maitrise de la digitalisation. Mais avec l’obtention de l’agrément ACPR, en 2016 pour ALAN mais depuis pour d’autres acteurs (Seyna, Acheel..), la concurrence pourrait s’étendre maintenant sur l’ensemble du périmètre.
Le changement est en marche et l’enjeu des assureurs sera donc bien de s’adapter pour rivaliser et continuer à exister demain. La bataille et les débats qu’il provoque sont lancés et ces débats s’annoncent passionnants… à suivre !
Dernière minute !
Et de 4 : d’après une information relayée par l’Argus de l’assurance le 22 août, ALAN a remporté l’appel d’offre santé de la direction générale de l’aviation civile (DGAC).
[1]L’Argus de l’assurance : Assurance complémentaire santé, le classement 2025. 2 juillet 2025
[2] ALAN annonce << 70% des remboursements traités en moins de 5 minutes et 99% des remboursements traités en moins d’un jour ouvré>>
[3] https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/17/questions/QANR5L17QE7230