La SNCF doit répondre à de multiples enjeux pour préserver et développer ses parts de marché : concurrence des modes de transport alternatifs (aérien low-cost, bus longue distance, covoiturage), publication des premiers appels d’offres pour la mise en concurrence des trafics ferrés de voyageurs et nécessité de faire revenir les voyageurs dans les trains après plus d’un an de pandémie et de restrictions de déplacement. Parmi l’arsenal d’actions engagées, l’orientation éco-responsable du groupe figure en bonne place !

En effet, lorsque l’on parle de mode de transport peu polluant, le train arrive nettement en pole position : une personne voyageant seule en voiture émettra 30 fois plus de CO2 qu’un voyageur prenant le train, ce qui est considérable. La SNCF présente là un atout important, mais en tant que premier consommateur d’électricité et deuxième propriétaire foncier français, elle doit malgré tout trouver des solutions pour réduire son impact sur l’environnement, et ce dans une démarche de développement durable. En 2016, la SNCF a donc pris la décision de rejoindre l’Initiative Science Based Target : le groupe est depuis lors accompagné scientifiquement afin d’orienter sa stratégie industrielle vers un modèle de croissance compatible avec un monde durable. Plusieurs actions ont ainsi été mises en place ou sont en cours d’expérimentation.

Des actions classiques mais néanmoins nécessaires

Recyclage massif des matériaux et du matériel

Au vu de la quantité de matériaux utilisés chaque année, la SNCF applique au mieux les principes de l’économie circulaire : limiter la consommation de matériaux, réduire les déchets et revaloriser les produits en fin de vie.

Une nouvelle vie est ainsi proposée au matériel roulant retiré de la circulation : en moyenne, 55 000 tonnes de matériaux sont recyclées chaque année et 92% de la masse des voitures voyageurs ont une seconde vie. Il en va de même pour les matériaux utilisés pour l’infrastructure (rails, ballast…). Chaque année, plusieurs millions de tonnes de matériaux sont déposées et, pour limiter l’impact environnemental de l’extraction de ces matériaux et lutter contre la raréfaction des aciers de haute qualité, les rails sont recyclés en aciérie (97%), le ballast est revalorisé (1,9 million de tonnes en 2019) et réutilisé (540 000 tonnes en 2019). Au-delà du bénéfice environnemental, la SNCF en tire également des gains économiques, puisque la revalorisation et la vente de ces matériaux pourraient tout de même rapporter plusieurs millions d’euros au groupe.

Par ailleurs, le matériel électronique est également recyclé : des milliers d’ordinateurs et de téléphones portables ont été collectés en quelques années. Il en va de même pour les tenues professionnelles, qui sont recyclées en feutre isolant, en fil ou en chiffon d’essuyage… 25 tonnes ont déjà été traitées !

Développement du photovoltaïque pour réduire les émissions

Grand consommateur d’électricité et de carburant, la SNCF cherche de nouvelles solutions pour verdir ses énergies. SNCF Immobilier a ainsi pris 3 engagements pour développer des projets d’installation de panneaux photovoltaïques sur ses propriétés :

  • Recenser les espaces d’une surface suffisante pour développer des projets photovoltaïques,
  • Favoriser le déploiement des projets solaires sur les terrains éligibles,
  • Développer des projets en autoconsommation sur les bâtiments SNCF et la mise en place progressive de panneaux photovoltaïques sur les toitures des principaux bâtiments existants (16 hectares potentiels).

Dans la même optique, les terrains non exploités pourront être réhabilités pour développer des projets solaires, à l’instar du site de Surdon qui accueille maintenant plus de 20 000 panneaux solaires, qui produiront près de 7 500 MWh par an, ce qui correspond à la consommation annuelle de 3000 foyers (hors chauffage).

Des initiatives innovantes en cours d’expérimentation

Des accords d’achat d’énergie renouvelable à la mesure de l’ambition de la SNCF

L’objectif annoncé par la SNCF est d’utiliser 40 à 50% d’énergie verte dans son mix de consommation d’électricité de traction des trains d’ici 2025. La solution privilégiée consiste à réaliser des Power Purchasing Agreement (PPA) « énergie renouvelable ». Il lui faut pour cela des contrats de grande envergure comme celui signé en 2019 avec Voltalia (et qui reste l’un des plus importants en Europe) : une capacité de 143 MW sur 25 ans, ce qui représente 3,6% de l’énergie de traction utilisée par les trains SNCF. La production de cette énergie se fera via trois centrales photovoltaïques que Voltalia construit et exploitera d’ici 2022-2023. D’autres PPA énergie renouvelable seront réalisés dans les prochaines années pour permettre à la SNCF d’atteindre son objectif ; des contrats ont ainsi été signés avec RES, pour une capacité de 40 MW, et plus récemment avec EDF pour 20 MW supplémentaires.

Un biocarburant pour remplacer le diesel…

La SNCF utilise du diesel pour circuler sur le réseau non électrifié. Pour pallier les émissions induites, une alternative est actuellement testée : l’utilisation de l’agrocarburant B100, 100% végétal et produit à base de colza français. Pendant 3 mois, d’avril à juin 2021, entre 3 et 5 trains utilisant ce biocarburant circuleront chaque jour entre Paris et Granville. Il est à noter que la SNCF a pour objectif de sortir du diesel d’ici 2035 ; ce biocarburant pourrait préfigurer une partie de la solution si l’expérimentation est concluante. Il ne reste cependant qu’une solution intermédiaire pour atteindre cet objectif : en effet, non seulement des produits phytosanitaires sont utilisés pour produire le colza utilisé, mais ce biocarburant produit quand même des gaz à effet de serre.

… en attendant l’hydrogène

Le train à hydrogène va bientôt faire son apparition sur le sol français : les premiers prototypes adaptés au réseau national arriveront dès 2023 et les premières rames de série circuleront dès 2025. C’est Alstom qui est chargé de produire les 12 rames commandées. Bien que l’utilisation de l’hydrogène soit un progrès écologique par rapport au diesel, il demeure néanmoins source de pollution : soit il est produit en mélangeant de la vapeur d’eau et du méthane (rejet de CO2), soit il est produit par électrolyse de l’eau, ce qui demande alors une importante quantité d’électricité. Les améliorations de la technique d’électrolyse pourront permettre de produire un hydrogène vert et d’avoir, enfin, une énergie très peu polluante. La SNCF fait en tout cas partie des pionniers de l’utilisation de cette énergie en France.

Du biodésherbant pour remplacer le glyphosate…

Traiter la végétation aux abords des rails est nécessaire pour SNCF Réseau pour des raisons de sécurité des circulations. En effet la végétation, en retenant l’eau, peut causer des déformations du sol et donc des rails, en plus de réduire la visibilité des conducteurs. Pour limiter cette végétation, la SNCF est le premier consommateur de glyphosate en France. La perspective d’interdiction de ce produit a poussé le groupe à trouver une alternative pour 2022 : l’utilisation d’un biodésherbant. Cette solution, bien que beaucoup plus chère et nécessitant de plus grands volumes, est satisfaisante et respectueuse de l’environnement.

…avec de l’éco-pâturage en solution complémentaire…

Une autre solution est testée pour réduire la consommation de désherbant : l’éco-pâturage. Des poneys, des moutons ou des chèvres débroussaillent depuis peu les abords de certaines voies de manière naturelle. La plupart de ces expérimentations sont effectuées aux abords des lignes les plus fréquentées et en zone urbaine démontrant ainsi que l’éco-pâturage pourrait être déployé sur tout type de ligne du réseau ferré s’il se montre satisfaisant.

…et une expérimentation sur l’ensemencement choisi

Toujours dans l’optique de contourner l’utilisation de désherbant, l’ensemencement choisi est également expérimenté sur le site de triage de Villeneuve-Saint-Georges. C’est une technique qui consiste à implanter un mélange d’espèces végétales compatibles avec les contraintes de sécurité : la végétation n’est plus subie, elle est choisie et permet de cohabiter avec l’infrastructure.

Toutes ces initiatives montrent la volonté de la SNCF de réduire son impact sur l’environnement. Bien que certaines soient encore en phase d’expérimentation, la SNCF avance sur tous les fronts : verdissement de son énergie, recyclage massif, méthodes douces pour l’entretien des voies…

A l’heure du « flygskam », la SNCF se réinvente pour devenir un transporteur citoyen et responsable, multipliant les initiatives innovantes. Espérons qu’elles confirment le potentiel identifié et inciteront positivement d’autres acteurs du transport ! »