On ne bâtit pas de pyramides en Île-de-France mais l’ampleur des travaux de construction de nouvelles infrastructures de transport public n’a rien à envier à l’ambition de l’Egypte antique ! Avec l’augmentation de la population francilienne, la fréquentation des transports en commun est en hausse constante (hors période de pandémie) et certaines lignes sont déjà saturées. Le Grand Paris express, le prolongement du RER E à l’ouest, le Charles de Gaulle Express, la création des lignes de tram T12 et T13 ou encore l’innovant projet du Câble A – le premier téléphérique d’Île-de-France – apparaissent comme autant de promesses d’une amélioration significative de l’offre de mobilité dans la région. Cela témoigne également de la volonté de la Région de promouvoir le transport public, les investissements cumulés étant sans égal en Europe.

Le Grand Paris Express : relier les banlieues entre elles et simplifier l’accès aux aéroports

L’ambition du Grand Paris consiste tout bonnement à doubler la longueur totale du réseau de métro en créant 200 nouveaux kilomètres de lignes automatiques le long de 68 nouvelles gares réparties sur 6 lignes, 2 à prolonger et 4 à créer entièrement. Ces nouvelles lignes de métro entoureront Paris et viendront densifier l’offre de transport dans les banlieues parisiennes. Tandis que la ligne 15 fera le tour de Paris, les lignes 16, 17 et 18 desserviront respectivement l’est, le nord et le sud-ouest parisien. Pour assurer une continuité avec les transports existants, ces lignes seront connectées aux gares de RER, de Trains de banlieue et de TGV (par exemple la gare TGV de Massy).

Un des enjeux du Grand Paris Express consiste également à mieux relier Paris à ses aéroports. La ligne 17 ira jusqu’à l’aéroport Charles-de-Gaulle et proposera ainsi une alternative au RER B. Elle partira de la gare de Saint-Denis Pleyel qui deviendra un véritable centre névralgique ferroviaire du nord de Paris. Prolongée au nord jusqu’à cette gare, la ligne 14 sera également prolongée au sud jusqu’à l’aéroport d’Orly ; il ne faudra alors que 23 minutes pour l’atteindre depuis Gare de Lyon. Rappelons que l’aéroport d’Orly n’est actuellement desservi par aucune ligne de RER ou train de banlieue ce qui rend son accès plus compliqué, avec des lignes de bus ou le coûteux Orlyval. La ligne 18 reliera également l’aéroport à Versailles en seulement 30 minutes, contre 50 minutes aujourd’hui.

Ces nouvelles lignes de métro devraient être entièrement mises en service à partir de 2030, avec de premiers tronçons opérationnels à partir de 2024, il faut donc s’armer d’encore un peu de patience pour que les franciliens puissent se déplacer sur ce nouveau réseau, qui attirera à coup sûr un grand nombre de voyageurs une fois qu’il sera opérationnel.

Le projet Eole : prolongement vers l’Ouest du RER E

Pour apporter une réelle alternative aux lignes J et L pour se rendre à Paris ou à la Défense depuis le Nord-Ouest de la région, le RER E sera progressivement prolongé jusqu’à Mantes-la-Jolie entre 2022 et 2024. Il est important de bien considérer le caractère colossal de ce projet qui consiste notamment à créer plusieurs gares et à creuser un tunnel ferroviaire sous La Défense. De nouvelles rames, modernes et plus connectées, seront mises en service et la ligne bénéficiera d’un système évolué de communication entre la rame et la signalisation pour optimiser la fréquence des trains. Avec ces nouveaux services, espérons que les habitués des lignes J, L et du RER A seront prêts à modifier leurs habitudes de trajet pour emprunter ce prolongement du RER E et ainsi désengorger tout ou partie des lignes existantes.

Le Charles de Gaulle Express : ligne directe avec le centre de Paris

Paris est une grande métropole mondiale, mais il lui manque encore une ligne directe entre son aéroport international et son centre-ville. Pour pallier ce manque, le Charles de Gaulle Express sera mis en service dès 2025, il faudra alors seulement 20 minutes pour atteindre l’aéroport depuis Gare de l’Est ! L’exploitation ne sera toutefois pas subventionnée, les coûts de construction et d’exploitation se reflèteront donc sur le prix du billet : le coût prévisionnel sera de 24 €, contre 11,40 € actuellement via le RER B depuis le centre de Paris. Un prix qui pourrait rebuter plus d’un voyageur, il sera intéressant de surveiller l’affluence des voyageurs sur cette nouvelle ligne qui fait d’ores et déjà l’objet de nombreuses critiques relatives à son tracé, susceptible d’impacter les transports du quotidien et à sa tarification jugée prohibitive par certains qui n’hésitent pas à la qualifier de future « ligne des riches ».

Le Tram-train : un autre moyen de faciliter les déplacements

Abandonné durant plusieurs décennies, le tram a fait son grand retour dans les années 90 et tend à continuer à se développer : il est moins coûteux à mettre en place que les autres lignes ferroviaires, favorise l’accessibilité des personnes à mobilité réduite et permet à des milliers de personnes de se déplacer au quotidien. Après le T4 à l’est et le T11 au nord, deux lignes vont s’ajouter au réseau : le T13 à l’ouest, entre Saint-Cyr et Saint-Germain-en-Laye puis le T12 au sud, entre Massy et Evry, toujours dans une logique de ligne « tangentielle », de banlieue à banlieue. Rappelons également que le tram-train amène une flexibilité dans l’organisation de la mobilité de par sa capacité à circuler à la fois sur le réseau ferré national (en mode train) et sur un réseau urbain classique (en mode tram). Cet atout permet ainsi de mettre en place une ligne unique sur un réseau mixte RFN / urbain (cas du T4 et du futur T13) et donc de masquer l’hétérogénéité de l’infrastructure pour les voyageurs.

Le téléphérique, une nouveauté en Île-de-France

Le Câble A, le premier téléphérique en Île-de-France, reliera Créteil à Villeneuve-Saint-Georges en 17 minutes. Le téléphérique apparaît comme une solution innovante pour transporter les franciliens en franchissant les obstacles liés à la densité urbaine de la région (axes routiers, cours d’eau, bâtiments…). Le téléphérique est un mode de transport déjà mis en place dans plusieurs grandes villes dans le monde : La Paz, Medellin, New-York, Lisbonne, Barcelone…  où il a déjà fait ses preuves. D’ailleurs, si l’expérience est satisfaisante en Île-de-France, d’autres projets, déjà à l’étude, seront susceptibles d’être lancés.

Qu’apporteront vraiment ces grands projets ?

Tous ces grands projets, dont le Grand Paris Express est la figure de proue, vont donner une autre dimension à la mobilité en région parisienne. 90% des habitants d’Île-de-France seront à moins de 2 kilomètres d’une gare selon la Société du Grand Paris. L’accès à l’emploi sera facilité puisque le temps de transport entre les pôles d’activités sera réduit, en plus du fait que le trafic devrait être fiabilisé avec l’utilisation de rames neuves et, pour un certain nombre, automatiques. La desserte des aéroports sera également largement améliorée ce qui constituera un autre bénéfice pour l’ensemble des voyageurs transitant par l’Île-de-France. Avec ce nouveau réseau, il existera une meilleure alternative à la voiture, notamment pour les trajets entre les villes de banlieue, il est donc envisageable d’observer d’ici quelques années une baisse du trafic routier, et donc de la pollution (ou a minima un rythme d’augmentation du trafic inférieur à celui de la démographie).

Le développement de la mobilité est un élément important de l’aménagement des territoires, les villes se réorganisent autour des nouvelles gares, de nouveaux quartiers émergent et urbanisent de nouvelles zones, même si cela peut générer localement des oppositions. Tout ceci a également un impact social puisque ces nouveaux quartiers attirent une population souvent plus aisée, comme on peut déjà l’observer le long du prolongement de la ligne 14. Cela a également été observé à Londres, où un projet similaire a vu le jour avant les Jeux Olympiques de 2012. En 10 ans, les prix des logements du Grand Londres ont augmenté de 94%. Ce phénomène de gentrification pourrait être accentué par la crise sanitaire : avec les confinements, le développement du télétravail et les nouvelles habitudes de déplacement, ces nouveaux quartiers, qui donnent un accès rapide à Paris, vont attirer de plus en plus cette population plus aisée.

Malgré la crise sanitaire et l’incertitude planant sur sa persistance dans le temps, les investissements liés à ces projets ont été maintenus, confirmant ainsi une vraie vision à long terme pour faire évoluer le réseau de transport multimodal, dans une logique de dynamisation éco-responsable des territoires. C’est en effet l’attractivité de l’Île-de-France qui est en jeu, trop souvent décriée pour ses temps de trajet trop longs et l’engorgement des axes routiers. Il est trop tôt pour en constater les résultats mais il est clair que tous ces projets donnent à la Région les moyens de ses ambitions !