Le tram-train, grâce à sa capacité à circuler sur le réseau ferroviaire et sur le réseau urbain, a de beaux jours devant lui : il se développe notamment en Allemagne et en France, où sa polyvalence est appréciée.
Le tram-train, quels avantages ?
Le tram-train est un véhicule capable de circuler à la fois sur le réseau urbain, en utilisant les voies de tramway, et sur le réseau ferroviaire. Il permet ainsi de relier les banlieues entre elles ou aux centre- villes sans correspondance aux points de jonction des différents réseaux. Le maillage de l’offre de transport est plus performant et le tram-train se présente donc comme une véritable alternative à la voiture dans les zones urbaines et périurbaines.
Le matériel utilisé étant léger, il est adapté aux zones urbaines, il sollicite moins l’infrastructure et, à l’instar du tram, les rames sont à hauteur de quai et sont donc accessibles aux personnes à mobilité réduite. Le matériel peut également atteindre les vitesses permises par le réseau ferroviaire, la rame Citadis Dualis d’Alstom peut ainsi atteindre 100 km/h sur certains tronçons.
Contrairement au train, lorsqu’il circule sur une ligne dédiée, le tram-train fonctionne selon le « mode tram », qui consiste à conserver la fréquence des trams plutôt que de laisser un « trou » dans l’offre horaire en cas de suppression d’une circulation. La fréquence est donc adaptée pour toujours offrir une régularité de tram aux voyageurs.
Le tram-train de Karlsruhe : le pionnier…
Le tram-train de Karlsruhe, en Allemagne, reconnu comme le premier tram-train connectant le réseau ferroviaire (celui de la Deutsch Bahn) et le réseau de tramway, a fait son apparition en 1986. Ce modèle est un succès, le réseau s’est d’ailleurs développé et s’étend aujourd’hui sur 400 kilomètres à travers 17 lignes, allant même jusqu’à la Forêt Noire. Ceci a notamment été possible car de nombreuses villes allemandes possédaient déjà un réseau de tramway. Le succès du tram-train s’observe également en termes de fréquentation, qui a notamment augmenté de 300% après la mise en service du tram-train entre Karlsruhe et Bretten.
… qui inspire d’autres villes
Le modèle de Karlsruhe a été repris dans d’autres pays : une ligne de tram-train a été mise en service en 2006 à Sassari, en Sardaigne, et plusieurs ont été créées en France. Sur le même modèle, on recense en effet les lignes Mulhouse – Thann, Nantes – Clisson et Nantes – Châteaubriant. D’autres lignes existent, toujours sur le modèle du tram-train, mais disposent d’une infrastructure dédiée, comme à Lyon avec le Rhônexpress qui relie le centre-ville à l’aéroport de Lyon Saint-Exupéry, ou encore comme en Île-de-France pour la ligne T4 entre Bondy, Aulnay-sous-Bois et Clichy-Montfermeil et la ligne T11 entre Epinay-sur-Seine et Le Bourget.
De nombreux projets…
De nombreux projets de mise en place de tram-train sont en cours d’études ou en réalisation. En Île-de-France, deux nouvelles lignes sont en préparation dans l’ouest et le sud de la région, toujours dans une optique de mailler les zones périurbaines. Tout d’abord le T13, qui reliera à partir de juillet 2022 Saint-Cyr et Saint-Germain-en-Laye, et pourrait être prolongée jusque Poissy, puis jusqu’Achères. Ensuite le T12, qui reliera Evry et la gare TGV de Massy-Palaiseau pour un début d’exploitation en 2023. Cette ligne sera ensuite potentiellement prolongée jusque Versailles-Chantier. Le prolongement du T11 est lui aussi à l’étude, la ligne relierait alors Sartrouville et Noisy-le-Sec.
D’autres projets émergent également en dehors de la région francilienne : citons par exemple la métropole de Brest, qui a la volonté de créer un futur pôle tram-train pour être reliée aux villes des alentours. Un autre projet de tram-train utiliserait le réseau ferroviaire de l’étoile de Limoges, plus au sud, la ville de Perpignan souhaite remplacer une ligne de train par une ligne de tram-train, enfin, le projet pour relier Rouen à Elbeuf est en bonne voie. En dehors de la France, des projets sont en cours d’études, comme à Košice en Slovaquie ou à Nador au Maroc entre l’aéroport de Nador Al-Aroui et le port Aït Ansar.
… qui n’aboutissent pas toujours
Cependant, certains projets ont été reportés, voire abandonnés pour diverses raisons. La métropole de Lille a notamment reporté son projet tram-train pour des raisons financières. Toujours pour des questions de coûts, le projet de tram-train entre Strasbourg, Bruche et Piémont a été abandonné. Le projet de la ville d’Angers a, quant à lui, été abandonné pour laisser place à un projet de construction de gare ferroviaire à Trélazé. N’oublions pas qu’il s’agit à chaque fois de projets conséquents, mobilisant de nombreuses compétences (infrastructure, signalisation, rames, maintenance…) et des budgets significatifs !
D’autres usages du tram-train à l’étude
Le tram-train peut également permettre le transport de marchandises : un nouveau projet dans la zone de Karlsruhe utilisera le réseau de tram-train pour le transport de fret. Le réseau urbain du centre-ville a l’avantage d’être directement relié au réseau ferroviaire de la Deutsche Bahn, ce qui facilitera grandement la transition entre ces deux réseaux et évitera toute rupture de charge. Cet usage reste expérimental mais sera certainement suivi par les métropoles ayant fait le choix du tram-train.
Le tram-train a déjà séduit de nombreuses métropoles, en France et dans le reste du monde ; son atout principal réside dans sa polyvalence au service d’un maillage plus efficace du territoire. La mise en concurrence progressive des lignes de tram-train en Île-de-France (mi-2022 pour les lignes T4/T11 et 2023 pour les lignes T12/T13), voire en Pays de la Loire dans les prochaines années, insufflera sans doute une nouvelle dynamique à ce mode de transport qui a de belles années devant lui !