De quoi parle-t-on ?
Les RER Métropolitains représentent une avancée majeure dans la refonte des systèmes de transport des grandes villes françaises. Annoncés par le président Emmanuel Macron en 2022, ces projets visent à répliquer le succès du RER parisien à l’échelle nationale, en développant des réseaux de trains rapides dans les principales métropoles. Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la planification écologique, un axe stratégique pour répondre aux enjeux environnementaux et urbains du XXIe siècle. Le but est de décongestionner les agglomérations tout en facilitant les déplacements quotidiens, notamment en périphérie.
Le surnom de « RER métropolitains » donné par le gouvernement à ces services express régionaux métropolitains (SERM) est quelque peu trompeur : l’idée n’est pas de créer à proprement parler des lignes de RER dans chacune des métropoles concernées. Elle renvoie plutôt à l’ambition du gouvernement de renforcer les réseaux de transports en commun déjà existants, qu’il s’agisse des trains régionaux (TER), des voies de tramway comme des lignes de bus ou de métro, en apportant son soutien à des projets conçus par les collectivités locales.
Désengorger les métropoles et favoriser l’écologie
Les objectifs des RER Métropolitains sont multiples et ambitieux. Le premier est de désengorger les grandes métropoles en réduisant la congestion routière, particulièrement aux heures de pointe. En effet, ces nouveaux services express régionaux permettront de fluidifier le trafic en périphérie et de réduire les temps de trajet domicile-travail pour des millions de Français. À travers la mise en place de ces lignes, il s’agit également d’améliorer l’accessibilité aux centres-villes pour les habitants des zones plus éloignées, souvent mal desservies par les réseaux de transport existants.
Un autre enjeu essentiel est l’impact environnemental. Les RER Métropolitains s’inscrivent dans la stratégie nationale de transition écologique en réduisant l’empreinte carbone des déplacements quotidiens. En encourageant l’utilisation des transports en commun, ce projet vise à diminuer significativement les émissions de CO2, répondant ainsi aux objectifs fixés par la France dans le cadre des accords internationaux sur le climat.
Un aspect crucial pour le succès des RER Métropolitains est la fréquence des trains. Pour que ces nouveaux réseaux de transport soient véritablement attractifs et compétitifs face à la voiture, il est essentiel que les trains circulent à des intervalles réguliers et rapprochés, idéalement toutes les 10 minutes. Si les usagers doivent attendre une heure entre chaque train, ils seront moins enclins à abandonner leur voiture, car cela limiterait la flexibilité et le confort de leurs déplacements. En augmentant la fréquence, non seulement on améliore la souplesse d’utilisation, mais on réduit également la surcharge des trains, garantissant ainsi des trajets plus confortables, même aux heures de pointe. Cette fluidité et cette accessibilité accrue sont indispensables pour encourager un réel changement des habitudes de mobilité.
Des obstacles d’infrastructure et de matériel roulant à prendre en compte
Malgré les ambitions des RER Métropolitains, quelques difficultés se dressent sur le chemin de leur réalisation.
Tout d’abord, la question des infrastructures pose un véritable défi. La création de nouvelles lignes et le développement d’axes supplémentaires nécessitent des travaux qui peuvent être parfois lourds et coûteux, souvent entravés par des contraintes techniques et urbanistiques.
Ensuite, un autre obstacle majeur est l’acquisition de matériel roulant. Aujourd’hui, il est extrêmement compliqué d’obtenir de nouveaux trains, avec des délais de production qui peuvent s’étendre sur plusieurs années en raison d’une disponibilité limitée sur le marché.
Enfin, la capacité des acteurs, notamment en matière de maintenance et de personnel, constitue également un défi. Il est crucial de trouver le personnel nécessaire, qu’il s’agisse de conducteurs, de contrôleurs ou de techniciens, et de les former adéquatement. Cela représente une véritable question organisationnelle qui devra être anticipée pour garantir le bon fonctionnement et la pérennité des nouveaux services ferroviaires.
Une vingtaine de projets en cours
24 territoires se sont déjà engagés officiellement dans la démarche, bien que leurs niveaux de maturité varient. Certains d’entre eux, tels que Strasbourg et Bordeaux, ont déjà entrepris de renforcer leurs offres.
À Strasbourg, le projet de Réseau Express Métropolitain Européen (REME) est activement soutenu par la Région Grand Est et l’Eurométropole de Strasbourg. En décembre 2022, une première étape a été franchie avec l’augmentation de l’offre TER, ajoutant 800 trains supplémentaires par semaine. Cette avancée a été rendue possible grâce à la mise en service d’une quatrième voie au nord de Strasbourg, libérant des capacités supplémentaires. Les phases suivantes du projet REME sont actuellement en cours de planification.
À Bordeaux, les premières étapes de diamétralisation ont déjà été mises en place, permettant de traverser la métropole d’est en ouest sans correspondance à la gare Bordeaux Saint-Jean. Un renforcement de l’offre a également été opéré, avec un train par heure dans chaque sens entre Libourne et Arcachon de 6h00 à 22h30, et une fréquence à la demi-heure aux heures de pointe.
Les prochaines étapes, comprennent :
• L’optimisation de la desserte ferroviaire avec, à terme, des trains circulant toutes les 30 minutes, une plage horaire étendue, ainsi que des liaisons interurbaines directes sans correspondance à Bordeaux pour deux des trois lignes.
• La mise en place de nouvelles lignes d’autocars express, permettant de connecter à la métropole les communes situées hors du périmètre métropolitain et non desservies par le réseau ferroviaire.
• L’ouverture de deux nouvelles gares, à Bouscat Sainte-Germaine et à Talence Médoquine.
Quelle gouvernance ? Quel financement ?
L’État a déjà injecté près de 30 millions d’euros dans le cadre du plan de relance 2021-2022 pour accélérer la phase de préfiguration des projets. En plus, 900 millions d’euros se sont consacrés à partir de 2023, dans le cadre des Contrats de plan État-région (CPER) 2023-2027, pour financer les études et les premières opérations de travaux. Au total, les premiers SERM devraient mobiliser plus de 10 milliards d’euros. L’État contribue au financement des infrastructures aux côtés des collectivités.
Il est important de prendre en compte également le financement de l’achat de matériel roulant supplémentaire et de l’exploitation renforcée du service, qui relèvent de la responsabilité des collectivités.
En complément des subventions publiques, la législation autorise le recours à l’emprunt, en s’appuyant sur une fiscalité locale spécifique adaptée à chaque territoire, à l’image du financement des futures lignes à grande vitesse ou du Grand Paris Express. La Société des Grands Projets pourrait ainsi recevoir les recettes fiscales approuvées par les collectivités et emprunter sur les marchés. Grâce à son statut d’Établissement Public à caractère Industriel et Commercial (EPIC), elle bénéficie de taux d’emprunt modérés et de maturités longues (50 ans et plus), facilitant ainsi l’accélération des projets dès leur mise en œuvre.
Un Projet Ambitieux à Concrétiser
En conclusion, les RER Métropolitains représentent une initiative positive et prometteuse. Inscrite dans le cadre de la transition écologique, cette démarche s’aligne parfaitement avec les objectifs de réduction des émissions de CO2 et de promotion de moyens de transport durables. Toutefois, le principal défi résidera dans le financement et la capacité à acquérir du matériel roulant, des éléments essentiels pour concrétiser ces projets. Il est à espérer que la situation politique actuelle ne viendra pas freiner cette dynamique, d’autant que cette initiative génère des emplois et propose des solutions de mobilité respectueuses de l’environnement. Rendez-vous dans quelques années pour évaluer l’avancée des projets et recueillir les retours des utilisateurs.