Après avoir détaillé le rôle des superviseurs et l’impact du changement climatique sur le secteur de l’assurance, nous abordons l’importance qu’a pris le sujet pour les superviseurs et la façon dont ils s’équipent pour y répondre.

Dans son programme de travail 2021-2023[1], l’EIOPA évoque l’amélioration de la prise en compte des risques et des investissements dits « ESG » pour « environnementaux, sociaux et de gouvernance », et la standardisation de l’information associée – avec potentiellement en ligne de mire une différenciation entre le traitement des investissements dits « verts » par rapport aux investissements dits « bruns ». Cela traduit la préoccupation majeure de l’EIOPA pour ce sujet, qui arrive en deuxième position juste après le sujet digital (« digitalisation and cyber-insurance »), rendu prégnant par la bascule digitale majeure accélérée par la pandémie et l’explosion des cyber-attaques.

L’ACPR, dans son rapport annuel 2020[2] publié en mai 2021, liste ses priorités d’actions pour 2021. Outre ses classiques missions « régaliennes » de surveillance et de veille, elle décide de « poursuivre les travaux structurels et construire l’avenir post-crise » selon plusieurs axes :

  • analyse et veille des mutations liées à la technologie (blockchain, IA, cryptomonnaies, etc.),
  • suivi des menaces cyber sur les marchés financiers,
  • lutte contre le blanchiment,
  • et « mise en place d’un cadre de mesure et de supervision des risques climatiques, avec notamment la publication des résultats de l’exercice pilote conduit par l’ACPR ».

On le voit, les autorités de supervision sont donc pleinement conscientes de l’enjeu majeur que représente le changement climatique dans leurs missions. Elles disposent d’ailleurs déjà de plusieurs outils pour pousser les organismes d’assurance à se préparer aux conséquences du changement climatique. Nous en étudierons 4 en détails :

  • L’ORSA – Own Risk and Solvency Assessment, le processus interne d’évaluation des risques et de leur impact sur la solvabilité, prescrit par la directive européenne Solvabilité 2.
  • Les stress-tests annuels, créés par le règlement instituant l’EIOPA, permettant d’identifier et prévenir les vulnérabilités des organismes d’assurance en cas de chocs violents.
  • Des outils spécifiques, non encore normalisés, en particulier l’exercice innovant lancé en éclaireur par l’ACPR, « l’exercice pilote climatique 2020 ».
  • Des travaux de réflexion préliminaires sur l’assurabilité des risques de catastrophe naturelle à l’aune du changement climatique, dessinant les tendances à venir pour la supervision de ce risque.

La semaine prochaine, à l’occasion de la troisième publication de notre série, nous ferons un zoom sur la prise en compte du changement climatique et de ses impacts dans l’ORSA.


[1] https://www.eiopa.europa.eu/about/mission-and-tasks_en#Workprogramme2021-2023

[2] https://acpr.banque-france.fr/sites/default/files/medias/documents/acpr_rapport_annuel_2020.pdf