Depuis 2020, ouverture officielle de la concurrence ferroviaire pour le transport national de voyageurs, de nombreuses initiatives démontrent l’appétence pour le ferroviaire en France même si, inévitablement, certaines difficultés apparaissent…

La grande vitesse est en avance, les services conventionnés se préparent

C’est pour le moment la concurrence la plus visible : le groupe SNCF partage désormais le marché français du train à grande vitesse avec deux nouveaux opérateurs ferroviaires.

Les « nouveaux » de la grande vitesse en France : TRENITALIA et… RENFE, qui revient seule après la fin de son alliance avec SNCF sur les trafics Paris – Barcelone

Rappelons que la grande vitesse est un Service Librement Organisé, le pré requis étant de présenter des matériels roulants homologués et de commander des sillons (autorisations de circulation) : il est donc potentiellement plus rapide pour un opérateur historique étranger disposant déjà de rames grande vitesse d’accéder à ce marché, par rapport à un appel d’offres sur un marché conventionné.

En effet, pour les autres services, Transilien, TER et Intercités, des appels d’offres sont nécessaires pour désigner les exploitants ferroviaires, le processus est donc plus long à se mettre en place.

Plusieurs compagnies se positionnent néanmoins sur ces marchés conventionnés, avec quelques rebondissements…

Des difficultés apparaissent

  • L’opérateur historique SNCF a remporté les appels d’offres des TER Pays de Loire, TER Hauts de France ainsi qu’un lot de TER PACA (Etoile de Nice) et le premier lot en Ile de France (lignes T4 et T11 ainsi qu’un tronçon de la ligne P), par ailleurs, certaines Régions signent en gré à gré de nouvelles conventions avec la SNCF (ce qui est possible jusqu’à la fin de l’année) pour retarder l’échéance d’obligation de lancer des appels d’offres.
Les Régions TER :
En gris : les régions qui signent une nouvelle convention pour repousser l’échéance
En jaune : les régions qui doivent choisir entre appel d’offres ou signature de la convention
En orange : les régions qui ont lancé les appels d’offres
En vert : les régions qui ont lancé des appels d’offres et qui ont rendu leur verdict sur un premier lot
  • Malgré cela, le processus est enclenché et une démarche d’amélioration continue est en cours : les réponses aux appels d’offres font l’objet d’un retour d’expériences qui permet autant aux Entreprises Ferroviaires qu’aux Autorités Organisatrices de s’améliorer.  Cela promet une compétition probablement plus rude prochainement car les nouveaux entrants vont progressivement combler les lacunes identifiées dans les premiers appels d’offres.
  • L’affaire des boîtiers KVB fait partie de ces sujets de niche qui a pu freiner les ardeurs de certains opérateurs alternatifs tels que Trenitalia :
    • Le boîtier KVB est un équipement de sécurité de contrôle de la vitesse des trains par balises. ALSTOM ne le construit plus car un nouvel équipement – ERTMS – est imposé en Europe et la SNCF disposait de stocks suffisants. Les nouveaux entrants ferroviaires, qui doivent installer les deux types de système (KVB et ERTMS), doivent se tourner vers la SNCF pour louer des boîtiers KVB, avec des négociations qui semblent rudes.
  • Le calendrier ambitieux des appels d’offres en Ile de France, et la taille des marchés risquent de donner lieu à un duel entre deux compagnies ferroviaires publiques historiques, SNCF et RATP, qui vont répondre à tous les appels d’offre. D’autres entreprises ferroviaires, ne pouvant pas investir à la hauteur de la taille des lots franciliens, sont contraintes de renoncer à ces appels d’offres.
Le calendrier chargé des appels d’offres Transilien
  • Enfin, le transport ferroviaire ne s’improvise pas et nécessite une connaissance fine de nombreux processus, de la maintenance du matériel roulant à la relation avec le gestionnaire d’infrastructure et de gares. La coopérative ferroviaire RailCoop illustre la difficulté à maitriser l’ensemble de cet écosystème et s’est finalement placée sous la protection du Tribunal de Commerce, faute de financement. Son avenir n’est toutefois pas scellé, les sociétaires et des investisseurs privés ont désormais quelques mois pour remettre le projet sur les bons rails.

Les nouveaux opérateurs en pleine préparation

Au-delà des opérateurs historiques, les nouveaux entrants foisonnent de nouvelles idées pour conquérir ce marché récemment ouvert et démontrent globalement l’appétence pour le développement du rail en France.

Transdev a remporté l’appel d’offre pour l’exploitation en juin 2025 de la ligne TER Marseille-Toulon-Nice.

Le Train Voyage prévoit de faire circuler 50 trains à grande vitesse par jour à partir de 2025 en Nouvelle Aquitaine.

Midnight Trains, qui s’affiche comme une alternative à l’avion, ambitionne d’ouvrir dans les années à venir une première ligne de trains de nuit en partant de Paris vers l’Europe en 2025.

Kevin Speed, la Start-Up dont le projet est « le TER en mode TGV », ambitionne une exploitation dès 2027.

Arriva, filiale de la Deutsch Bahn, prépare l’exploitation des trains entre Groningue (Pays-Bas) et Paris Nord à l’été 2026.

Même si quelques difficultés (prévisibles) ont été constatées, la concurrence ferroviaire monte en puissance.

La reconfiguration du paysage ferroviaire est en cours, et le ferré est un mode écologique d’avenir.

Gageons que l’actualité sera encore riche dans les mois à venir !