Comment diminuer les émissions de CO2 liées à ses déplacements professionnels ?

par | 27 juin 2024 | RSE, Transport

Une action soulevée par nos ambitions RSE

Le secteur du Transport représente 32% de l’origine des émissions de CO2 en France, en 2022. Pour les cabinets de conseil d’environ 5 000 employés, la part des transports dans leur bilan carbone reste élevée, en moyenne entre 20% et 30% de leurs émissions totales. Chez Kern, comptant environ 50 collaborateurs, les émissions de CO2 liées aux déplacements s’élèvent à 10T en 2022. Cela représente 42% de nos émissions, soit notre poste le plus important. Si l’on regarde plus précisément la part liée aux déplacements professionnels, la part des émissions de CO2 se situe entre 10% et 20% pour les sociétés de conseil et représente 6% chez Kern Consulting.

part des émssions rse transport

Dans ce cadre, nous avons lancé des réflexions afin de réduire notre impact.
Notre premier exercice a été de définir une politique de nos déplacements professionnels permettant aux collaborateurs de choisir le moyen de transport le plus adapté à leur déplacement afin de limiter au maximum l’utilisation des modes de transport les plus carbonés. La deuxième étape a été de rechercher des plateformes de réservations « vertes », c’est-à-dire engagées dans une démarche RSE, pour faciliter le choix de nos collaborateurs et améliorer notre performance.

transport et rse kern

La politique de déplacements professionnels de Kern sous le prisme RSE

La politique de nos déplacements professionnels intègre l’ensemble des paramètres d’un déplacement : du transport à l’hébergement.
Concernant les transports, les critères recherchés sont les suivants :
• Favoriser les trajets en train autant que possible :
Tous les trajets en France
Tous les trajets vers l’étranger quand une solution de moins de 4h existe
• Proposer l’avion pour les autres trajets
• Réserver des voitures électriques ou hybrides pour la location de véhicules
• Favoriser des voitures électriques ou hybrides pour les réservations de taxi/VTC

Concernant les hébergements, nous voudrions pouvoir :
• Avoir accès aux écolabels des hôtels pour nous orienter vers des choix plus responsables
• Donner des clés aux collaborateurs pour choisir stratégiquement un hôtel, notamment en fonction de sa localisation


Si pour les transports des méthodologies et référentiels sont établis pour comparer les émissions de CO2, côté hébergements cela reste moins évident. Plusieurs écolabels ont été lancés afin de mesurer les impacts des établissements, chacun reportant sa propre grille de critères obligatoires et optionnels. Par ailleurs, le nombre d’établissements certifiés reste faible. Nous pouvons citer l’Ecolabel Européen, qui présente 146 établissements en France en 2024 ou encore la Clef Verte de Teragir avec 1 665 établissements français. La bonne nouvelle provient de Booking qui, au moment de la rédaction de notre article, a ajouté l’affichage de ces 2 certificats de durabilité et ce même filtre sur la page des résultats.

Un benchmark des plateformes de gestion des déplacements professionnels

Afin d’ancrer au maximum notre politique de déplacements professionnels auprès des collaborateurs, nous avons décidé de nous doter d’un outil digital de gestion des déplacements. Pour ce faire, nous avons lancé un benchmark des plateformes de réservation de voyages.
Nos enjeux autour de cette future plateforme étaient doubles ; la plateforme devant nous permettre :
• D’intégrer les paramètres de notre politique de déplacements professionnels afin de sensibiliser les collaborateurs ;
• Mais également de mesurer plus facilement et directement notre impact d’émissions de CO2 liées à nos déplacements tout au long de l’année.
Sur l’ensemble des entreprises mettant en avant l’aspect RSE en plus du gain de performance, 5 nous ont répondu et proposé une présentation de leur plateforme.

Force est de constater qu’à ce jour, les plateformes présentent une faible maturité lorsqu’il s’agit de la RSE. Les principaux atouts mis en avant par nos interlocuteurs restent avant tout financiers :
• Centralisation des coûts liés aux déplacements sur un outil unique
• Des frais de voyages pris directement en charge par l’entreprise, évitant la saisie de notes de frais
• Des prix préférentiels négociés avec les plus grands fournisseurs de service
• Des réservations facilitées avec l’intégration des données personnelles des collaborateurs (carte d’identité, passeport ou carte de fidélité)
• Des processus de validations disponibles à travers la définition de différents profils

Côté critères RSE, aucune ne nous permettait nativement de répondre à nos 2 objectifs. Les principaux manques constatés sont les suivants :
• Il n’est pas toujours possible de filtrer ou d’afficher en priorité les solutions les plus écologiques que ce soit au niveau des recherches ou de les intégrer au niveau de la politique de voyage.
• Le client n’a pas systématiquement la main pour gérer sa politique de voyage.
• Le bilan carbone n’est pas toujours mis à jour en temps réel ou celui-ci ne prend en compte que des moyennes. Par exemple, en cas de location d’un véhicule, le nombre exact de kilomètres parcourus ne sera pas pris en considération, le calcul des émissions s’appuiera sur une moyenne liée au type de véhicule ou au moteur.

Durant notre étude, seules 2 plateformes ont présenté de vraies orientations écologiques et environnementales.
Une plateforme française s’est démarquée en proposant un moteur de recherche d’itinéraire comparant les résultats de l’aérien et du ferroviaire et affichant l’offre la moins émettrice en CO2. Toutes les autres solutions demandent à l’utilisateur de sélectionner en premier lieu le moyen de transport parmi l’avion et le train pour lancer sa recherche. Pour être complétement exhaustifs, le moteur de recherche devrait même inclure les itinéraires en voiture, qui peuvent être plus avantageux dans certains cas, avec plusieurs passagers.
Une deuxième plateforme, également française, a retenu notre attention en intégrant rapidement nos demandes d’évolutions :
• Mise en place d’un filtre « voitures hybrides / électriques » dans les recherches et la politique de voyage
• Affichage de l’écolabel Booking des hôtels
• Affichage d’un message sur les résultats de recherche avion en cas de trajet en train équivalent existant

Au-delà des aspects RSE, nous avons également étudié les coûts liés à ces outils. Nous avons en particulier noté des disparités en termes de facturation, ce qui rend parfois la comparaison difficile. Certaines plateformes appliquent des coûts fixes par mois. D’autres demandent des coûts par utilisateurs actifs sur le mois ou encore par connecteur, un connecteur correspondant au type de réservation à rendre disponible (train, avion, voiture, hôtellerie…). Par ailleurs, certaines plateformes facturent les services complémentaires ou certains paramétrages :
• Frais d’assistance pour la gestion / annulation de voyages réservés
• Frais de réservation de groupe
• Intégration de certains tarifs préférentiels déjà négociés par la société avec des établissements
• Report de l’ensemble des frais de réservation dans l’outil de comptabilité
Au global, les frais d’installation représentaient plusieurs milliers d’euros, quand les coûts mensuels s’élevaient entre 150€ à 300€ pour une vingtaine de voyageurs mensuels.

Une stratégie de compensation des émissions de CO2

Dans la suite de notre réflexion pour limiter nos déplacements, nous avons étudié les solutions pour pouvoir également compenser ces émissions. Cet enjeu étant secondaire pour nous car la meilleure solution reste encore d’éviter le déplacement plutôt que de le compenser. Cependant dans le métier du conseil, des déplacements sont parfois indispensables, comme pour l’accompagnement de certains utilisateurs dans le cadre d’un déploiement.
Là encore l’offre reste très réduite et rarement en adéquation avec les attentes des entreprises engagées. Les outils proposent avant tout des moyens de communication pour les entreprises plutôt que de vraies solutions RSE.
Du peu d’entreprises trouvées, seules 2 nous ont répondu et aucune ne nous a convaincu, les solutions proposées concernant :
• Soit des projets environnementaux ou sociétaux dans des pays lointains, dont il sera difficile de vérifier les impacts ;
• Soit des projets de reforestation en France dont l’impact reste faible et difficile à mesurer dans le temps.
En tant que cabinet de conseil, nous recherchions des solutions proches de notre implémentation et répondant à des vrais enjeux de société.


Pour les entreprises qui souhaitent mettre en place une politique RSE autour de leurs déplacements professionnels, le chemin reste encore long et coûteux à outiller. Les entreprises doivent notamment rester vigilantes sur les critères mis en place ainsi que les calculs liés aux émissions de GES des déplacements, afin de s’assurer d’une mesure fiable pour atteindre les objectifs fixés.

Nos experts chez Kern Consulting peuvent vous accompagner dans la mise en place d’une politique de mobilité durable. N’hésitez pas à nous contacter pour aborder vos problématiques sur le sujet !