A partir de Juillet 2024, la France lancera le « Pass Rail » à 49 euros par mois pour les jeunes de moins de 27 ans, permettant des voyages illimités via certaines catégories de train. Inspirée par le modèle allemand, cette mesure vise à booster l’utilisation du rail chez les jeunes, rendant les déplacements plus accessibles et encourageant l’adoption des transports collectifs.
Ce Pass Rail est destiné exclusivement aux trains régionaux et Intercités, y compris les services nocturnes. Les lignes TGV InOui et Ouigo, de même que l’Eurostar, ainsi que les moyens de transport urbains tels que les tramways et métros, ne font pas partie de l’offre. Le Pass Rail sera disponible à l’achat sur le site de la SNCF dès la mi-juin.
L’Île-de-France reste à quai : exclusion du Pass Rail 2024
L’Île-de-France constitue l’exception dans le lancement du Pass Rail, étant donné qu’elle ne s’engage pas dans cette première phase du programme. La Région justifie cette décision par des difficultés d’interopérabilité avec le système Pass Navigo.
Mais, les jeunes franciliens pourront quand même en profiter. Seuls les trajets à l’intérieur de l’Île-de-France ne seront pas inclus dans le Pass Rail. En d’autres termes, les RER et Transiliens, déjà couverts par le Pass Navigo, ne seront pas concernés par le Pass Rail.
Freins Politiques et Economiques
Le chemin vers l’adoption du Pass Rail n’a pas été sans embûches, reflétant les complexités des politiques publiques en matière de transport. Les discussions autour du financement et de l’équité régionale ont souligné les tensions inhérentes à la mise en œuvre de telles initiatives.
Le projet Pass Rail a rencontré des difficultés dès son annonce, principalement en raison de divergences financières entre le gouvernement et les Régions, conduisant à des négociations tendues. L’exclusion de l’Île-de-France du dispositif initial a soulevé des débats des Régions qui ont systématiquement exigé que la Région francilienne y soit associée, certaines y voyant une décision plus politique que technique, malgré les justifications officielles liées à la structure des transports régionaux.
Le Pass Rail, dont la mise en œuvre a été incertaine jusqu’à l’approbation finale des Régions réticentes, bénéficiera d’un financement où l’État couvrira 80 % des coûts, laissant les 20 % restants à la charge des Régions. Cette répartition marque un changement par rapport à la proposition initiale d’un partage égal des coûts, réduisant la contribution gouvernementale à environ 15 millions d’euros.
Une expansion vers l’Allemagne est envisagée
Franck Leroy, président de la Région Grand Est, a exprimé, dans un communiqué daté du jeudi 4 avril 2024, son désir de fusionner l’offre existante avec un « pass transfrontalier ». Ce pass offrirait la possibilité d’employer le titre de transport français au sein des trois Länders allemands limitrophes – le Bade-Wurtemberg, la Rhénanie-Palatinat, et la Sarre.
Le « Deutschlandticket » : comment fonctionne le passe rail en Allemagne ?
L’Allemagne a introduit un abonnement ferroviaire mensuel à 49 euros, équivalent à 1,60 euro par jour, afin d’encourager l’usage du train au lieu de la voiture pour des raisons environnementales. Cet abonnement couvre l’accès aux transports en commun (bus, tramways, et métros) ainsi qu’aux trains régionaux dans toutes les villes du pays
Une expérimentation réalisée à l’été 2022, qui a remporté un succès retentissant, a encouragé les autorités à adopter ce système de façon permanente. Initialement proposé à 9 euros pour trois mois, ce test a mené à la vente de 52 millions de pass. Suite à son succès, le prix a été ajusté à 49 euros lors de son lancement officiel le 1er mai 2022, avec environ 11 millions de billets vendus depuis cette date.
Des controverses du modèle ferroviaire à bas prix
Bien que plus de 11 millions d’Allemands aient adopté cet abonnement, il fait l’objet de plusieurs critiques, les résidents des zones peu desservies par les transports en commun, telles que la Bavière, estiment être laissés pour compte par ce système.
De plus, des associations de consommateurs ont exprimé leur mécontentement vis-à-vis des modifications apportées par la Deutsche Bahn concernant sa politique de remboursement en cas de retards ou d’annulations. Notamment, si un train régional compris dans l’abonnement est en retard, entraînant la perte d’une correspondance avec un train ICE ou EC, le remboursement n’est pas assuré.
Par ailleurs, l’abonnement ne comprend que l’accès aux lignes régionales. Les associations de consommateurs s’inquiètent d’assister à une flambée des prix causée par des compagnies ferroviaires désireuses de combler le manque à gagner.
Recherche d’un modèle économique durable
L’introduction en Allemagne d’un abonnement ferroviaire à 9 euros s’est avérée coûteuse, engendrant une dépense de 2.5 milliards d’euros. Face à cela, le projet a été revu et corrigé, avec un nouveau prix établi à 49 euros par mois environ 11 millions d’abonnés, tout en suscitant des débats sur de futures hausses de prix.
Par contraste, la France envisage un budget bien plus modeste de 15 millions d’euros pour son projet, dont 80% financé par l’État, ce qui pourrait représenter un défi financier dès le début.
L’Avenir de cette Mise en Place
Le Pass Rail n’est qu’un début dans la quête d’une mobilité plus verte et inclusive en France s’alignant sur les objectifs écologiques globaux et renforçant la connectivité transfrontalière. Cette étape ouvre la voie à des développements futurs passionnants : des expansions géographiques (l’inclusion de l’Île de France), une inclusion d’autres tranches d’âge ou une intégration accrue avec d’autres modes de transport (bus, métros, tramways…).
Bien que de nombreux défis financiers et techniques seront à surmonter, notamment en matière de billettique pour assurer un support multi-région valable, de partage des recettes entre les Régions et l’Etat ainsi que la mise en place de tarifs et de modalités techniques appropriés, nous demeurons optimistes quant aux résultats positifs que cette initiative pourrait apporter.
Nous attendons avec impatience la rentrée pour évaluer les premiers résultats et espérons qu’elle marquera le début d’une nouvelle ère de mobilité durable et accessible pour tous.