Assurance vie et émission de gaz à effet de serre : lien et obstacles

par | 18 juin 2024 | Assurance, RSE

Les compagnies d’Assurances ont une empreinte carbone qui découle de leurs opérations, de leurs investissements et de leurs activités de souscription.

Représentants d’un secteur fortement impacté par le dérèglement climatique, les Assureurs se sont saisis du sujet de l’empreinte carbone en avance de phase par rapport à d’autres secteurs à travers des engagements forts.

Nous allons nous intéresser dans cet article à l’impact environnemental des produits d’assurance-vie et aux difficultés de mesures de cet impact auxquelles sont confrontées les compagnies d’Assurance.

Quel est le lien entre Assurance-vie et empreinte carbone ?

L’empreinte carbone d’un produit d’assurance-vie résulte des trois facteurs suivants :

  • Émissions opérationnelles : Il s’agit des émissions provenant des immeubles de bureaux, des centres de données et des véhicules appartenant à l’entreprise. La consommation d’énergie, l’utilisation de papier et les déplacements des employés y contribuent également de manière significative.
  • Portefeuilles d’investissement : Les compagnies d’assurance-vie investissent des sommes importantes dans divers secteurs. L’empreinte carbone de ces investissements est importante, surtout si les fonds sont dirigés vers des secteurs à fortes émissions comme les combustibles fossiles. À l’inverse, les investissements dans les énergies renouvelables et les technologies vertes peuvent atténuer cet impact. L’impact environnemental des investissements s’étend aux chaînes d’approvisionnement et aux activités des entreprises investies, ce qui peut inclure la déforestation, la pollution et d’autres dommages écologiques.
  • Souscription et gestion des sinistres : Les activités liées à l’évaluation des risques et à la gestion des sinistres peuvent également avoir un impact sur l’environnement, même si celui-ci est généralement plus faible que les émissions liées aux opérations et aux investissements.

Quels sont les principaux obstacles pour réduire l’impact environnemental des produits d’assurance-vie ?

La réduction de l’empreinte carbone des produits d’assurance-vie présente plusieurs défis, à la fois inhérents au secteur, mais également liés à des questions systémiques plus larges.

Ci-dessous, nous vous proposons une liste des principaux obstacles :

Complexité des portefeuilles d’investissement

Détentions diverses :

Les compagnies d’assurance-vie ont souvent des portefeuilles d’investissement étendus et diversifiés. L’évaluation et la gestion de l’empreinte carbone des différentes classes d’actifs, y compris les actions, les obligations, l’immobilier et les investissements alternatifs, peuvent être complexes et nécessiter beaucoup de ressources.


Manque de normalisation :

Il n’existe pas de méthode universellement acceptée pour mesurer et rendre compte de l’empreinte carbone des investissements. Ce manque de normalisation rend difficile la comparaison et la gestion des émissions entre les différents actifs et secteurs

Disponibilité et qualité des données

Données incomplètes :

Des données fiables sur les émissions de carbone de certains actifs, en particulier sur les marchés émergents ou dans le domaine du capital-investissement, peuvent faire défaut. Sans données précises, il est difficile de prendre des décisions éclairées sur les investissements dont il faut se séparer ou avec lesquels il faut s’engager à améliorer la durabilité.


Incohérences dans les rapports :

Même lorsque les données sont disponibles, les incohérences dans la manière dont les entreprises déclarent leurs émissions peuvent rendre difficile l’évaluation précise de l’empreinte carbone des portefeuilles d’investissement.

Obstacles réglementaires et politiques

Réglementations variables :

Les réglementations relatives à la divulgation d’informations environnementales et aux émissions de carbone varient d’un pays et d’une région à l’autre. Cette mosaïque réglementaire peut compliquer les efforts de normalisation et de mise en œuvre des stratégies de réduction des émissions de carbone dans les opérations internationales.


Manque d’incitations :

Dans certaines juridictions, les compagnies d’assurance-vie peuvent ne pas être suffisamment incitées ou mandatées pour donner la priorité à la réduction des émissions de carbone, ce qui ralentit l’adoption de pratiques écologiques.

Défis en matière de gestion des risques et de souscription

Intégration des risques climatiques :

L’intégration des risques climatiques dans les modèles traditionnels d’évaluation des risques et de souscription est un défi. De nombreuses équipes de souscription ne disposent pas de l’expertise et des données historiques nécessaires pour évaluer ces risques avec précision, ce qui rend difficile leur intégration efficace.


Incertitude du marché :

Les technologies vertes et les pratiques durables émergentes peuvent comporter des risques initiaux et des incertitudes plus élevés, ce qui fait qu’il est difficile pour les assureurs de justifier des investissements à grande échelle dans ces domaines sans avoir fait leurs preuves.

Résistance opérationnelle et culturelle

Gestion du changement :

La mise en œuvre de pratiques durables nécessite des changements importants dans la culture d’entreprise, les opérations et les comportements des employés. La résistance au changement et l’inertie des pratiques établies peuvent ralentir l’adoption de nouvelles politiques et procédures plus écologiques.


Considérations relatives aux coûts :

La transition vers des opérations et des investissements plus durables implique souvent des coûts initiaux. Les entreprises peuvent hésiter à engager ces coûts sans avantages financiers clairs et immédiats, même si les économies et les avantages environnementaux à long terme sont substantiels.

Pour surmonter ces obstacles, il faut adopter une approche à multiples facettes, notamment en améliorant la transparence des données, en encourageant la coopération réglementaire, en investissant dans la formation des employés et en développant des produits financiers innovants qui s’alignent sur les objectifs de durabilité.
La collaboration au sein du secteur de l’assurance et avec les parties prenantes externes, telles que les gouvernements et les organisations environnementales, est essentielle pour relever ces défis et réaliser des progrès significatifs dans la réduction de l’empreinte carbone des produits d’assurance vie.
Dans un prochain article, nous nous intéresserons notamment à la mesure de l’empreinte carbone d’un produit d’assurance-vie ainsi que des leviers d’action pour réduire l’impact environnemental de ces derniers.