Assurance vie et émission de gaz à effet de serre : mesure et levier de réduction

par | 20 juin 2024 | Assurance, RSE

Lors de notre précédant article sur le sujet, nous avons introduit le lien entre les produits d’assurance-vie et les émissions de gaz à effet de serre, c’est-à-dire, l’impact environnemental d’un investissement financier ainsi que les obstacles de diminution de cet impact. Pour rappel, l’impact environnemental d’un produit d’assurance-vie repose sur 3 facteurs majeurs dont le portefeuille d’investissement et les émissions opérationnelles de l’assureur.
Dans cette deuxième partie, nous allons nous intéresser à la mesure de l’empreinte carbone d’un produit d’assurance-vie ainsi qu’aux pistes d’actions pour les réduire.

Comment mesurer de façon fiable l’empreinte carbone des produits d’assurance-vie ?

Mesurer l’empreinte carbone d’un produit d’assurance-vie implique d’évaluer les émissions directes et indirectes associées au cycle de vie du produit, y compris les opérations de la compagnie d’assurance et les émissions du portefeuille d’investissement.

Voici 5 actions pour réaliser cette mesure de façon efficace et la plus exhaustive possible :

Définir le périmètre de l’étude le plus large possible

Émissions opérationnelles (scope 1 et 2) : il s’agit des émissions directes provenant de sources possédées ou contrôlées (par exemple, les véhicules de l’entreprise, les immeubles de bureaux) et des émissions indirectes provenant de la production d’électricité achetée, du chauffage et de la climatisation consommés par l’entreprise.
Émissions du portefeuille d’investissement (scope 3) : il s’agit d’émissions indirectes résultant d’investissements dans divers secteurs, en particulier ceux à forte émission de carbone comme les combustibles fossiles, l’industrie manufacturière et les transports.

Collecte et évaluation des données

Données opérationnelles : recueillir des données sur l’utilisation de l’énergie, les déplacements professionnels, la consommation de papier et d’autres activités opérationnelles. Utiliser les factures des services publics, les carnets de voyage et les dossiers d’achat.
Données d’investissement : évaluer les émissions de carbone des entreprises et des projets dans lesquels la compagnie d’assurance a investi. Il faut pour cela avoir accès aux données sur les émissions de ces entreprises, souvent obtenues par le biais de rapports sur le développement durable ou de bases de données tierces telles que le CDP (Carbon Disclosure Project) ou MSCI ESG Research.

Utiliser des protocoles de mesure normalisés

Protocole des gaz à effet de serre : suivre les méthodologies du Bilan carbone en France ou du GHG protocol à l’international, qui fournit des lignes directrices complètes pour la mesure et la déclaration des émissions. Cela comprend les émissions des scope 1, 2 et 3.
Partenariat pour la comptabilisation du carbone (PCAF) : adopter les méthodologies du PCAF, qui offre des cadres spécifiquement destinés aux institutions financières pour mesurer et divulguer les émissions de gaz à effet de serre de leurs prêts et investissements.

Faire appel à des experts externes et à des organismes de certification

Accompagnement par des tiers : faire appel à des entreprises expertes externes pour vérifier l’exactitude des données sur les émissions et des processus de récolte et de mesure.
Collaboration avec les initiatives de l’industrie : participer à des initiatives telles que les Principes pour l’investissement responsable (PRI) des Nations unies ou l’initiative Science Based Targets (SBTi) pour s’aligner sur les meilleures pratiques et recevoir des conseils sur la définition et la réalisation d’objectifs de réduction des émissions de carbone.

Rapports réguliers et divulgation

Publier régulièrement les résultats et les progrès réalisés pour atteindre les objectifs de réduction dans les rapports sur le développement durable. Avec l’entrée en vigueur de la CSRD en Europe, ces rapports deviennent obligatoires et encadrés pour toutes les entreprises selon un calendrier établi.

En suivant ces étapes, les compagnies d’assurance peuvent ainsi mesurer l’empreinte carbone de leur entreprise mais également de leur produit afin de rendre compte des efforts et progrès réalisés auprès de leur parties prenantes (clients, investisseurs, régulateurs). La transparence favorise la confiance et peut conduire à des améliorations supplémentaires. Cela leur permet également d’identifier les domaines clés à améliorer et mettre en œuvre des stratégies pour réduire l’impact environnemental de leurs opérations et de leurs produits.

Comment réduire l’impact environnemental des produits d’assurance-vie ?

La réduction de l’empreinte carbone des produits d’assurance-vie implique de s’attaquer à la fois aux émissions opérationnelles directes et à l’impact indirect des activités d’investissement.
Nous allons nous intéresser spécifiquement aux actions qui s’attachent à réduire l’impact direct des activités d’investissement et laissons de côté les actions sur les émissions opérationnelles à travers 3 actions :

Investir dans les énergies renouvelables et les technologies vertes

Investissements durables : orienter les portefeuilles d’investissement vers des projets d’énergie renouvelable, tels que l’énergie éolienne, solaire et hydroélectrique, ainsi que vers des entreprises engagées dans des pratiques durables.
Désinvestir dans les combustibles fossiles : se désengager progressivement des industries à forte émission de carbone comme le charbon, le pétrole et le gaz. Cela permet de réduire considérablement l’empreinte carbone indirecte des portefeuilles d’investissement.

S’engager dans la compensation des émissions de carbone

Programmes de compensation : investir dans des programmes de compensation du carbone pour neutraliser les émissions inévitables. Il peut s’agir de projets tels que la reforestation, le développement des énergies renouvelables et les initiatives de capture du méthane.
Partenariats avec des organisations environnementales : collaborer avec des organisations spécialisées dans la compensation des émissions de carbone pour s’assurer que les investissements ont un impact et sont vérifiés.

Améliorer la gestion des risques climatiques et l’offre de produits

Produits résistants au climat : développer et offrir des produits d’assurance qui soutiennent la résilience climatique, tels que des politiques qui encouragent les pratiques de construction écologique ou couvrent les installations d’énergie renouvelable.
Outils d’évaluation des risques : utiliser des outils avancés d’évaluation des risques pour évaluer et atténuer l’impact environnemental des activités de souscription. Intégrer le risque climatique dans le processus de souscription pour mieux gérer et réduire les émissions associées.

En mettant en œuvre ces stratégies, les compagnies d’assurance-vie peuvent faire des progrès considérables dans la réduction de leur empreinte carbone, en contribuant aux efforts plus larges de lutte contre le changement climatique et en promouvant la durabilité au sein du secteur.

Par exemple, l’entreprise Aviva s’est engagée à réduire à zéro ses émissions de carbone d’ici 2040 grâce à diverses mesures, notamment la réduction de l’intensité carbone de son portefeuille d’investissement et l’amélioration de l’efficacité énergétique de ses activités.
Autre exemple, la compagnie d’Assurance Zurich Insurance s’efforce de réduire son empreinte carbone en investissant dans des projets d’énergie renouvelable et en améliorant l’efficacité énergétique de ses bâtiments.